L'activité de Catherine Rannou s'inscrit à la croisée des domaines de l’architecture, du design et des arts plastiques. Cette double pratique oriente son travail vers les questions de l’aménagement du territoire : comment ici et là, l’homme marque t-il des limites, les franchit-il, les nomme t-il, comment se protège t-il, se déplace t-il, travaille t-il ?
Elle filme, dessine, photographie, enregistre, puis crée des installations à partir de ces collectes mais elle construit aussi des édifices ayant un usage, ou étant habitables sur le territoire arpenté.
Aller en Antarctique pour développer un travail artistique, c’est prendre le temps d’aiguiser son regard afin de voir autre chose que l’extraordinaire, le sensationnel et trouver ici un nouveau quotidien, dénicher les habitudes qui s’y sont tissées, les traces qui apparaissent et disparaissent, les noms qui se donnent etc., mais aussi les enjeux scientifiques qui s’y jouent.
Vivre sur ce continent, c'est se poser provisoirement, s'installer, sans intimité presque, en totale transparence, ne pas dégrader l'environnement, ne rien enterrer, évacuer ses déchets. Ne pas créer de "murs" de forteresse, pas de frontière, pas de traces... enfin presque. Juste effleurer, ne pas conquérir, mais observer, regarder scientifiquement, pacifiquement et surtout transmettre.
Est-ce un espace habitable par l'homme ? Et comment des bases s'y installent ?
Est-ce vraiment habiter que d'être un "campagnard d'été", les hivernants sont-ils vraiment des habitants ?
Une station en Antarctique pose des questions essentielles sur "l'habité", car tout y est sévèrement conditionné par les contraintes climatiques et fonctionnelles.
Une base en Antarctique constitue alors un révélateur, un condensé de poétiques de l'espace. Des objets, des espaces, des liens néanmoins apparaissent et transitent, dérivent et disparaissent.
Catherine Rannou présentera les œuvres issues de sa première expédition antarctique sur la base de Dumont D'Urville en 2006 et son nouveau projet de « GlacioMobile » (habitat et laboratoire mobile scientifique) pour l'expédition de 2008-2009 à Dumont d'Urville et Concordia.