Il est fort probable que Léonard de Vinci s'il avait été de nos contemporains se serait passionné pour le développement des arts associé aux nouvelles formes d'expression.
Depuis l'apparition des premières images numériques dans les années 50, la rapidité de l'évolution technologique est telle que les artistes ne cessent de découvrir des champs d'application jusqu'alors inconnus sans pour autant tomber dans l'écueil du tout technologique.
Ces nouveaux espaces de liberté se reflètent dans des œuvres qui traversent tous les courants de l'art contemporain, de la peinture à la sculpture, de la vidéo à la musique, des spectacles vivants à la réalité virtuelle, mais qui ouvrent également des voies jusqu'alors inexplorées en investissant les domaines des sciences : de la biologie à la vie artificielle.
C'est pour permettre à toutes ces pionniers d'un nouvel age de trouver leur public que cette année encore la Maison Européenne de la Photographie se transforme en laboratoire d'observation des nouvelles tendances et accueille dans ses espaces le 3ème Festival International @rt Outsiders créé à l'initiative d'Henry Chapier et de Jean-Luc Soret.
Cette manifestation qui se déroulera pendant les Rendez-vous électroniques, sera également relayée par la galerie Mabel Semmler, les Grandes Marches et sur le site www.art-outsiders.com.
La plupart des installations présentées cette année fera la part belle aux plus éminents représentants du «bio-art» que sont Eduardo Kac, Christa Sommerer et Laurent Mignonneau, Chu-Yin Chen et Daniel Mange qui recréent – chacun a leur manière - des micros univers ou des écosystèmes virtuels pour montrer comment l'ordinateur peut simuler de façon ludique et poétique la complexité du monde vivant.
Par ailleurs, le rapport au corps et à l'image tient une place toujours importante. Qu'il s'agisse de Christophe Luxereau qui troque le mythe de la Fontaine de Jouvence contre celui du corps robotique, de Magali Desbazeille et Siegfried Canto qui donnent à entendre l'intimité de la pensée à travers la représentation corporelle, ou de Miguel Almiron et Servovalve qui développent leur réflexion autour de l'image révélée ou différée.
Genesis
Installation interactive
d'Eduardo Kac
Eduardo Kac, artiste brésilien de renommée internationale qui avait défrayé la chronique voilà deux ans en présentant un lapin génétiquement modifié vert fluorescent, propose avec «Génésis» une œuvre transgénique qui explore les relations entre la biologie, les systèmes de croyance, l'éthique et les technologies de l'information.
L'élément clef de l'œuvre est un «gène d'artiste», un gène synthétique inventé et qui n'existe pas dans la nature. Pour le créer, un verset de la Genèse a été traduit en morse, puis le code morse a été converti en paires de base ADN. Le code Morse a été choisi parce qu'employé tout d'abord en radiotélégraphie, il symbolise l'avènement de l'âge de l'information, la genèse la communication universelle.
Le processus de cette œuvre consiste à intégrer ce gène artistique à une bactérie qui se développera en fonction de l'intervention des spectateurs. Ce dispositif est constitué d'une boîte de Petri(1) contenant les bactéries, d'une microcaméra vidéo sur flexible, d'une lanterne UV, et d'un éclairage de microscope. Le projecteur vidéo local projette une image agrandie de la division bactérienne et de l'interaction observée avec la microcaméra.
Ce dispositif de visualisation permet au public et aux internautes de suivre l'évolution de l'œuvre. Les participants lointains sur le web interfèrent dans le processus en éteignant la lumière UV. La protéine fluorescente de la bactérie réagit à la lumière UV en émettant de la lumière visible, cyan ou jaune. Le choc énergétique de la lumière UV sur la bactérie rompt la séquence d'ADN, augmentant le taux de mutation.
De grands textes sont écrits à même les murs droit et gauche de la salle : la phrase tirée du livre de la Genèse à droite, et le gène généré à gauche. La musique synthétique ADN originale de «Genesis» est composée par Peter Gena. Elle est générée en direct dans la salle et diffusée sur le web.
(1) : Une boite de Petri est un réceptacle circulaire utilisé pour la mise en culture des bactéries.
Biowall
Installation interactive
de Daniel Mange
Depuis dix ans, les chercheurs du Laboratoire de Systèmes Logiques, dirigés par le professeur Daniel Mange, s'inspirent de la complexité du monde vivant pour élaborer des architectures informatiques toujours plus performantes.
Le «BioWall» est une de ces applications, il marque une étape vers la réalisation de tissus électroniques bio-inspirés, intelligents et capables d'évoluer, de s'autoréparer, de s'autorépliquer et d'apprendre. Sous sa forme actuelle, il permet de conjuguer les possibilités qu'offre la technologie informatique la plus en pointe au geste humain le plus instinctif : le toucher.
Les milliers de modules électroniques transparents comparables à des molécules artificielles constituent une mosaïque. Par une simple caresse du doigt, le visiteur communique avec la paroi qui traduit cette interaction par un affichage lumineux. Bien au-delà de ses applications pratiques, le «Biowall» préfigure ainsi les tableaux interactifs de demain en incluant le spectateur dans le processus même de création.
Quorum Sensing
Installation interactive
de Chu-Yin Chen
Quorum Sensing est un terme de bactériologie qui désigne un mécanisme de communication et d'activation d'un comportement de groupe. L'installation explore le principe de conscience collective et de compréhension mutuelle des spectateurs. Son interactivité réside dans la coordination du déplacement des participants qui découvrent un microcosme issu de programmes informatiques fondés sur la vie artificielle. Douées d'autonomie, ces créatures virtuelles s'auto-organisent, se reproduisent et engendrent un système complexe évolutif en perpétuelle symbiose.
Ce monde virtuel se dévoile aux pieds de spectateurs ; de leur coopération, émerge cette vie artificielle dont les voix percent le silence dans cet espace libre et sensoriel
Life Spacies II
Installation interactive
de Christa Sommerer
et Laurent Mignonneau
à la fois artistes et chercheurs Christa Sommerer et Laurent Mignonneau se font démiurges le temps d'une création en réalisant un écosystème autonome. Grâce à la mise en place d'un programme informatique qu'ils ont élaboré, ils transforment les mots en un code génétique qui va constituer une créature virtuelle. Le texte tapé depuis un ordinateur génère ainsi un monde coloré, peuplé de différentes espèces qui devront se nourrir, se protéger de la présence de prédateurs, mais aussi perpétuer l'espèce en donnant à leur tour la vie.
Anamorphose numérique
Installation interactive
de Miguel Almiron
L'œuvre de Miguel Almiron propose à chaque spectateur d'établir un dialogue gestuel avec lui-même, mais aussi une réflexion sur le rapport de l'image face au temps.
La caméra filme en temps réel le visiteur en mouvement et renvoie sur écran, après traitement informatique, une image déformée inscrite dans le passé immédiat. Le corps se transforme en image d'un vécu signifié par le geste, par l'empreinte : un corps sans poids, en apesanteur, sans aucune structure, sans os. Un corps transformé en matière première pour la création.
Tu penses
donc je te suis
Installation interactive
de Magali Desbazeille
et Siegfried Canto
écrivain invité, Christine Beigel
Au-delà du remaniement de la célèbre phrase de Descartes, les artistes proposent aux visiteurs de s'imprégner des pensées intimes d'anonymes noyés dans la foule. Le spectateur est invité à marcher dans le sillage de ces passants dont l'image est projetée sur le sol.
Lorsque le spectateur marche sur l'image, il surprend alors les pensées intérieures de ces inconnus et entreprend ainsi un voyage introspectif dans cette confrontation face à ces alter ego.
Partenaires et producteurs de l'oeuvre :
Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, Direction Régionale des Affaires Culturelles du Nord-Pas de Calais, Région Île de France, “Bourses pour l'an 2000”, Société FLIR Systems, Société Doublet, Théâtre du Nord de Lille, Ballet de l'Atlantique, Association SURCOUR, Association ART- here, Ryerson University.
Carbon
Œuvre multimédia de Servovalve
Composés de milliers de lignes qui se dessinent progressivement à l'écran, les portraits virtuels évolutifs de Servovalve ouvrent la voie de nouveaux territoires graphiques. Inventives et singulières, ces œuvres composées selon un processus aléatoire, invitent le spectateur à la contemplation et à la découverte. L'univers sonore minimaliste et expérimental étroitement lié à ces images illustre ainsi la quête formelle de cet artiste multimédia aussi étranger aux conventions que le sont ses créations.
www.servovalve.org
Electrum Corpus
Installation de Christophe Luxereau
Avec son installation photo-video 3D Electrum Corpus, Christophe Luxereau nous propose une libre interprétation du monde qu'il imagine pour demain. Après s'être attaché à redéfinir un nouveau canon pour la descendance de l'Humanité avec ses «Avatars» l'artiste s'ingénie à réinventer la structure organique et physique de ses modèles.
Cette nouvelle inspiration l'a naturellement conduit à l'étude anatomique afin que son cœur ou ses prothèses de métal reflètent une anticipation aussi proche que possible de ce que pourrait être la réalité.
L'artiste utilise le raffinement contemporain et le charme discret de la Jeune Couture afin de souligner les élégantes prothèses en métaux précieux qui deviennent les joyaux d'un temps nouveau.
Entre ses mains, le corps devient une architecture en perpétuelle évolution, le mécanique se substitue à l'organique. Les nouvelles technologies antidotes face à la déchéance du corps et passeport pour l'éternité ? C'est en tout cas le vœu pieux que Christophe Luxereau semble formuler dans cette fiction.
Les Glossolalies d'Orphée
Performance multimédia
réalisée par Monique Nahas et Hervé Huitric
Cette pièce d'une trentaine de minutes propose une interprétation du mythe d'Orphée à travers un geste interactif donnant vie à des personnages virtuels qui se mêlent à des présences réelles.
Elle est l'aboutissement d'une œuvre collective née au sein du laboratoire de l'INReV de l'Université de Paris 8 et a nécessité pour sa réalisation l'utilisation des avancées des toutes dernières technologies en matière d'images de synthèse et de composition musicale assistée par ordinateur. Des logiciels inédits ont été élaborés afin de permettre la mise en espace d'une esthétique de la spontanéité.
- Monique Nahas et Hervé Huitric, choeur virtuel interactif
- Marie-Hélène Tramus et Michel Bret, danseuses virtuelles interactives
- Josseline Kiss, soprano, livret, composition musicale
- Odile Bescols, mezzo soprano
- Pierre Adam, ténor
- Tatiana Drgona, harpiste électro-acoustique
- Modoka Shiraso-Huitric, pianiste
- Philippe Tancelin, poète, expression théâtrale
Festival “hors les murs”
Ad Vitam
Installation photographique de Christophe Luxereau
du 13 septembre au 22 octobre 2002
Galerie Mabel Semmler, 10 - 12 rue des Coutures Saint Gervais, Paris III
Projections privées
Photographies de Patrick Aufauvre et Arnaud Baumann
à partir du 20 septembre 2002
Aux Grandes Marches, 6, place de La Bastille Paris XII
Conférences & projections
Les conférences seront programmées à l'auditorium Bernard-Pierre Wolff tous les samedi et les mercredi après-midi de 15H à 17H et seront suivies de projections de films de 17H à 19H en rapport direct avec la thématique évoquée ou sous la forme d'un panorama des films d'images de synthèse.
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Mercredi 18 septembre
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Samedi 21 septembre
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Mercredi 25 septembre
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Samedi 28 septembre
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15:00 - 17:00
Reynald DROUHIN
Présentation d'oeuvres par l'artiste
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17:00 - 19:00
Existenz *
Film de David CRONENBERG. 1999 - Durée : 97'
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Mercredi 2 octobre
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Samedi 5 octobre
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Mercredi 9 octobre
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Samedi 12 octobre
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Mercredi 16 octobre
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Samedi 19 octobre
* sous réserve.